Haro sur le frelon asiatique ou haro sur le piégeage ?

4 mai 2019 1 Par Collectif ASPF

Les journaux font fréquemment paraître des articles dans leurs pages où l’on voit les municipalités inciter les particuliers à fabriquer des pièges pour détruire les frelons asiatiques. De nombreuses vidéos faciles à trouver sur le net expliquent leur fabrication et installation à l’aide de bouteilles plastiques et mixtures maison. Il est à déplorer que beaucoup de ces pièges ne sont pas sélectifs et tuent un nombre très élevé d’insectes tout aussi pollinisateurs que les abeilles. Ils sont sont en général rudimentaires et faciles à construire.

De nombreux insectes mais pas de frelon

Les pièges sélectifs demandent par contre plus d’attention et d’habileté à élaborer.

Dans un piège sélectif

La disparition des insectes quels qu’ils soient entraînent un dysfonctionnement majeur de la chaîne alimentaire dont l’homme n’est qu’un élément.

Un adhérent de l’association a assisté à la conférence de Patrick Pérès, le 23 mars 2019 à La Forêt-Fouesnant au sujet des frelons asiatiques.

Le discours de celui qui est maintenant un spécialiste des incontournables frelons asiatiques est quelque peu iconoclaste. En voici une synthèse :

EN 30 ANS, 80% DES INSECTES D’EUROPE ONT DISPARU.

LE FRELON ASIATIQUE N’Y EST POUR RIEN.

Les frelons font partie de la famille des guêpes ; ils ont le même régime alimentaire (fruits, nectar ….).

Ils se nourrissent aussi de protéines (insectes, abeilles, poisson, viande….) qui ne leur ne servent qu’à nourrir les larves.

En Chine, 22 espèces cohabitent dont 1 mortelle.

En France, 2 espèces de frelon cohabitent : l’européen, Vespa Crabo et l’asiatique, Vespa Velutina observé pour la première fois en 2005. L’hypothèse selon laquelle le frelon asiatique serait arrivé en France par conteneurs de poteries chinoises importées via le port du Havre, avant d’élire domicile en Lot-et-Garonne a été confirmée par des études ADN.

Le nid du frelon asiatique a toujours un accès latéral ce qui permet de le différencier de celui de l’européen.

Le nid primaire, de petite taille, contient quelques ouvrières qui le développeront et permettront à la reine ayant résisté à l’hiver de pondre.

Les nids primaires placés bas et à l’abri (cabanon, composteur, abri de persienne…) sont accessibles et faciles à détruire manuellement.

Les nids secondaires sont souvent très imposants. Mais ils sont difficilement repérables et accessibles quand ils sont dans les arbres car situés en hauteur et cachés par la végétation. Les produits de destruction utilisés sont toxiques pour les autres espèces, y compris amphibiens et oiseaux.

La destruction ayant lieu de jour, seuls les frelons présents dans le nid sont détruits à 100%.

Le dioxyde de souffre pourrait être une solution de destruction moins toxique mais il n’y a pas, actuellement, d’Autorisation de Mise sur le Marché (AMM). De plus ce produit est à réserver aux professionnels.

Seul le piège à phéromone serait efficace mais les recherches n’ont pas encore abouti.

En Asie, des observations ont montré que 95 % des nids primaires sont détruits par les reines : en effet, chaque reine est programmée pour éliminer au plus tôt toute concurrente.

Par conséquent, le piégeage de printemps des reines (de février à avril) est à éviter. En effet il est beaucoup moins efficace que cette prédation naturelle car il n’est pas assez sélectif et favorise, au contraire, la survie des reines car elles ont moins de combats à mort à livrer.

Par contre le piégeage d’été est conseillé pour les apiculteurs à proximité des ruches.

Fort de ces connaissances, nous vous invitons à agir avec prudence dans la lutte contre les frelons asiatiques afin que le piégeage ne devienne pas néfaste et contre-productif.