Centrale Photovoltaïque de Kérambris : Parlons vrai !

3 juillet 2019 1 Par Collectif ASPF

Nous avons été interpellés publiquement pour notre positionnement concernant la centrale de panneaux photovoltaïques de Kerambris. Lors d’un conseil communautaire, le président de la Communauté de Communes du Pays Fouesnantais s’est attaqué à l’ASPF. Ces élus marcheraient dans le sens de l’Histoire. Et c’est bien là que le bât blesse.

Pendant que M. Le Goff est dans la posture de l’écologiste, notre association cherche à éveiller les consciences.
Nous sommes aussi une force de proposition. Sur chaque nouveau projet comme par exemple la refonte des salles de sport, nous avons interpellé les décideurs pour installer des panneaux photovoltaïques sur les toitures : sans succès !

Il nous est donc reproché de freiner cette nouvelle construction. En cela nous ne faisons qu’utiliser l’argument de la loi Littoral, qui s’applique sur l’ensemble de la commune. Il s’agit d’une extension d’urbanisation. L’argument est recevable et figure dans notre requête auprès du Tribunal Administratif. EDF a lancé le projet sur le site de Kérambris en nous avouant connaître la fragilité juridique du dossier. Nous avons été invités à la Préfecture, chose rare, pour en discuter. Cela confirme que le risque était mal calculé. La Loi Littoral est pour nous une ligne rouge à ne pas dépasser. Déroger à cette règle, c’est ouvrir la boîte de Pandore et cela ferait objet de jurisprudences locales à venir.
Les députés ont tenté d’assouplir cette loi pour permettre à ce type de projet de prospérer, sans succès.

On nous reprochera certainement notre posture « anti-tout ». Nous tenons à préciser que nous ne sommes pas contre l’implantation de panneaux. Nous avons proposé à EDF-énergies nouvelles de réaliser un inventaire des surfaces de toits disponibles sur les communes de la CCPF afin de les couvrir de panneaux. Il nous a été répondu que, d’une part monter des panneaux ne faisait pas partie des métiers d’EDF (sic) et que d’autre part l’État ne favorisait pas ce type de projet. Nous ne pouvons que déplorer que les actes ne suivent pas les intentions.
Couvrir les toits est pourtant une mesure envisagée par différents anciens ministres de l’Écologie afin de limiter l’artificialisation des terres agricoles.

Examinons maintenant plus en détail le projet.

Le projet est scindé en deux zones. L’une est un terrain agricole et l’autre est un remblai sur un stockage de déchets inertes. Ce dernier est situé sur la tête de source du ruisseau de Pen al Len qui alimente 70 % de Fouesnant en eau potable. Faut-il rappeler à nos représentants que l’ASPF a mis le doigt sur divers problèmes de pollution au cours des dernières années. Plusieurs causes ont été identifiées : la plateforme de stockage des emballages, le sous-dimensionnement des bassins de rétention et l’ancienne décharge « cachée » sous ces bassins et la nouvelle ISDI (Installation de Stockage de Déchets Inertes). Suite à l’intervention de l’ASPF et d’ERB (Eau et Rivières de Bretagne), les réseaux d’assainissement ont été revus, ce qui a nécessité des années de procédure et une facture supplémentaire pour le contribuable. Il suffirait ainsi de recouvrir le sol de panneaux photovoltaïques pour masquer ces fuites.

Nous trouvons également sur le site une usine de stockage et de traitement des algues vertes, une usine de traitement des boues et un espace de stockage de déchets inertes lequel a été rempli en 10 ans.

Les panneaux seraient installés sur des terres dégradées. Le fait est que nous aurions préféré qu’elles ne le fussent pas. L’idée initiale était de reboiser cette surface, mais il s’avère que rien n’a jamais été écrit à ce sujet. Paroles, paroles…

Concrètement, l’implantation des panneaux se ferait sur une grande parcelle (la zone dégradée) mais aussi sur une plus petite. Seule l’installation sur cette deuxième parcelle est contestée par l’ASPF ce qui a fait l’objet de notre recours gracieux. Subtilement, d’un trait de crayon, ce terrain classé agricole dans l’ancien plan d’occupation des sols est devenu industriel dans le PLU.
Pourquoi EDF n’a t-elle simplement pas déposé 2 demandes d’urbanisme distinctes ?

Nous nous opposerions à de la technologie française en refusant ce projet. EDF nous a avoué que les panneaux seraient produits en Chine car la seule entreprise française produisant ce type de panneaux n’est pas en mesure de répondre à la forte demande. En effet, EDF-énergies nouvelles incite les collectivités territoriales à monter tous azimuts des projets de centrales de panneaux photovoltaïques.

Nous considérons que produire des hectares de panneaux n’incite absolument pas à nous raisonner sur notre consommation énergétique, bien au contraire. « Produire plus pour consommer plus » est contraire à notre philosophie. Nous préférons agir dans le sens des économies d’énergie. Le vaste hall d’accueil de la mairie de Fouesnant est l’exemple de ces aberrations car il nécessite de fortes dépenses d’énergie pour être chauffé durant l’hiver et rafraîchi en été.

Enfin, si nous nous autorisons à parler des deniers publics, il va nous être reproché d’empêcher la rentrée d’un nouveau revenu dû au loyer pour la CCPF. Ces revenus ne représentent pas la poule aux œufs d’or car ils s’élèvent en tout et pour tout à 33700€ par an répartis ainsi : 1200€ pour les communes de Fouesnant et Pleuven, 15800€ pour le Pays Fouesnantais, 15000€ pour le Département et 1700€ pour la Région. Un investissement de 4,5 millions d’€ pour alimenter l’équivalent de 1940 personnes.