Une initiative fort louable…

6 avril 2022 3 Par Collectif ASPF

Comme chaque année, la municipalité édite un arrêté réglementant l’accès à la zone naturelle de la flèche de la Mer Blanche sur la commune de Fouesnant.

Cet espace naturel remarquable accueille en particulier le gravelot à collier interrompu lors de sa période de nidification.

Il est passionnant d’observer ce petit oiseau qui fait son nid sur la laisse de mer, en haut de plage.

gravelot au nid

Il s’est accoutumé de la présence des humains qui lui ont fait des enclos provisoires afin de le protéger du piétinement.

On le voit parfois se déplacer en simulant une aile cassée afin d’attirer le prédateur tout en l’éloignant de sa nichée.

Le plus surprenant chez cet oiseau est de survivre malgré les conditions naturelles. En effet, le risque d’avoir sa future progéniture emportée par le jusant est notable. Malgré cela il s’obstine, il persiste et se plait sur cette plage pourtant fort fréquentée l’été.

Le sacrifice de l’extrémité de la flèche de la Mer Blanche n’est donc pas un trop grand sacrifice.

Piétinement abusif

Une piste de réflexion apparaît à la lecture de cet article du Télégramme du 29 mars 2022. Il y est question de la « forte érosion de la flèche de la Mer Blanche ».

S’il est difficile de mesurer une différenciation entre l’impact des forces naturelles (vent, vagues) et celui du piétinement des promeneurs, il est à noter que des actions ont été entreprises sur ce secteur.

En effet le sentier sur la crête de dune a été entièrement effacé l’an passé sur une longueur de 2000 mètres et il n’est désormais plus possible de marcher sur son haut entre 2 rangées de ganivelles. La promenade s’étire le long de la Mer Blanche, sur le bas de la dune dans un sentier canalisé assurant la protection de la végétation et la tranquillité de l’avifaune. Les accès de plage ont été limités et espacés.

Rappelons-le, une dune est, par nature, mobile, et la crête est un secteur très fragile. Nous insistons sur ce point, en interdire l’accès est une très bonne démarche.

La nature a aujourd’hui repris sa place et l’ancien passage est désormais invisible.

Nous nous sommes interrogés sur une démarche semblable sur les dunes allant de Kerambigorn jusqu’au secteur de Coat Clévarec. Il y est toujours possible de piétiner 1500 mètres de crête sur un sentier balisé ayant jusqu’à 2 mètres de large par endroits.

Lorsque que nous avons interpelé les services afin de les féliciter des travaux sur la Mer Blanche, nous les avons aussi questionnés sur la faisabilité d’un tel effacement en allant de Kerambigorn vers Beg-Meil, sur un secteur de propriété communale gérée par la CCPF. La réponse fut laconique :

« il n’y a pour l’heure pas de projet de suppression d’accès plage sur les autres dunes. »

mail CCPF du 9 mars
Situation des 2 secteurs concernés

Fin de non-recevoir

Qualité microbiologique des eaux

De plus – et nous voyons là que les préoccupations d’un tel arrêté sont multiples – il est précisé que « cette interdiction est de nature à prévenir et limiter, durant la belle saison, les risques de dégradation de la qualité microbiologique des eaux de baignade, comme de l’estran et du sable. »

Outre le fait que le lien n’est pas très clair entre l’érosion dunaire, le piétinement et la qualité microbiologique des eaux, nous nous interrogeons tout de même sur la qualité des eaux au cœur même de la Mer Blanche.

Contrairement aux marais de Mousterlin où l’effet de chasse est très limité, à la Mer Blanche la mer entre et sort tous les jours au gré des marées, plus ou moins vite et plus ou moins haut en fonction de coefficients de marée.

Il est donc surprenant que ce secteur soit en permanence pollué et que la pêche à pied y soit interdite en raison des pollutions des eaux.

Le site de la Mer Blanche

Il convient de s’interroger sur les facteurs pouvant entraîner cette pollution récurrente. Les intrants par les eaux de ruissellement sont trop abondants. Les origines de pollution sont multiples.

Il y est question essentiellement de pollution d’origine humaine. Nous l’avons à plusieurs reprises signalé et nous sommes aussi alertés par des résidents, les réseaux d’eaux usées sont défectueux.

Nous ne pouvons également ignorer le stationnement toléré de campements de caravanes dont on ne peut que déplorer la limite technique ou l’absence de traitement des eaux dites grises.

La mise à disposition d’aire d’accueil des gens du voyage est une obligation réglementaire et une véritable nécessité.

Citons enfin les pollutions d’origine agricole. Les épandages agricoles sur le bassin versant finissent inexorablement à l’océan. Certains agriculteurs intensifs n’hésitent pas à faire une soixantaine de kilomètres pour déverser leur tonne à lisier après avoir déjà saturé leur territoire en nitrates.

Par ses propos, l’ASPF veut montrer qu’elle n’est pas toujours une force d’opposition mais qu’elle apporte aussi des propositions et vise à mettre les services face à leurs responsabilités.