SORTIE BOTANIQUE – LES PLANTES DU LITTORAL

11 juillet 2022 0 Par Collectif ASPF
Panicault de mer

Samedi 10 juillet, à l’issue de l’Assemblée Générale de l’ASPF qui entérinait l’année 2021, une sortie botanique sur les plantes du littoral a été organisée dans le secteur de Kérambigorn.

Les amateurs ou simples curieux ont cheminé le long de la plage au pied de la dune et sur le chemin de l’arrière-dune sous un soleil estival.

L’emblématique chardon

Dès l’entrée de la plage nous avons trouvé le fameux chardon bleu, symbole du Conservatoire du Littoral.

Une plante à ne surtout pas cueillir

Malheureusement il devient rare et se fait supplanter par le panicaut champêtre dans la dune fixe, qui, lui, est bien plus robuste et a de meilleures capacités d’adaptation.

panicaut champêtre

Risque de confusion

L’autre plante emblématique de la dune est le fameux oyat dont les tiges ondulent sous la brise.

Pour cette espèce il convient d’être particulièrement attentif car il existe 2 plantes de la famille des poacées semblables par leur allure mais aux caractéristiques bien différentes : le chiendent des sables qui supporte bien les embruns salés et de courtes périodes d’immersion tandis que l’oyat est moins tolérant au sel et ne résiste pas à l’immersion.

C’est donc au pied de la dune, à l’interface entre la laisse de mer et la dune, que nous trouvons le chiendent des sables piquant, puissant fixateur des sables mobiles. Plante très résistante, elle ne craint ni les embruns ni la salinité apportée par le contact des marées de vives eaux.

D’une couleur vert sombre et aux feuilles plus larges, le chiendent piquant colonise le bas de la dune et offre un rempart protecteur à l’oyat.

le chiendent piquant au pied de la dune

En effet ce dernier craint relativement le sel direct de l’eau de mer et se plaît davantage sur l’avant-dune.

Pour ces deux plantes, les racines plongeantes et les rhizomes ont un très fort pouvoir de fixation du sable et de stabilisation de la dune.

Il convient donc, dans des opérations de re-végétalisation de la dune de mettre en place sur les secteurs fortement dégradés et exposés aux flots la plante la mieux adaptée sinon l’opération risque d’être vouée à l’échec.

De l’importance de ne pas confondre

Nous comprenons mieux maintenant l’aberration des opération de criblage de la laisse de mer par des engins qui cisaillent tout système racinaire.

un labourage destructeur

Un tel procédé empêche la flore la mieux adaptée de s’installer et met par conséquent en danger le deuxième rideau.

Une autre plante souffre également de cet acharnement mécanique et a beaucoup de mal à s ‘établir.

l’arroche des sables

En effet l’arroche des sables est une plante annuelle. Son arrachage ne permet pas la floraison et encore moins la production de graines. Toute plante dégradée ne pourra plus se reproduire et disparaîtra. Seul le hasard d’un échouage de graines issues d’un secteur préservé permettra l’apparition de nouveaux plants.

Le problème est identique pour le cakilier maritime, autre plante annuelle pionnière du haut de plage.

Rappelons que le sable n’a pas de caractère nutritif.

Les plantes pionnières utilisent donc la laisse de mer pour puiser des ressources. Cette laisse est en effet dégradée par une faune spécifique : larves de mouches, puces de mer… Autant d’éléments indispensables.

L’évacuation systématique de ces algues brise donc la chaîne alimentaire.

Chemin de crête

une vue sur mer aux dépens de la flore

Il est parfaitement visible que l’établissement d’un chemin de crête est néfaste à la vie et la mobilité de la dune. Le piétinement détruit toute vie et provoque une discontinuité de la végétation. Seules quelques touffes d’oyats subsistent. Par endroit des ronces parviennent à traverser et à coloniser un espace au dépens d’espèces indigènes.

D’autre plantes n’ont également pas leur place sur ces dunes comme les ajoncs* d’Europe, des chênes ou encore des pins maritimes.

*L’ajonc de Le Gall est l’espèce typique des milieux maritimes en arrière dune (beaucoup plus petit que son cousin).

Le pin maritime, son expansion supprime toute flore à ses pieds.

Une menace encore plus forte

La Nature met en place un perpétuel recherche d’équilibre entre les plantes et la concurrence est parfois intense, chacune ayant ses caractéristiques d’adaptation.

En revanche, s’il est une espèce dont il faut encore plus se méfier, c’est bien de l’homme. Son éternelle quête de confort et sa crainte du vent fréquent sur nos plages le pousse à se créer de petites alcôves au cœur même de la dune, piétinant au passage la végétation qui le protège. Nous sommes ici face à un paradoxe car homo touristus détruit ce qui le protège.

installation d’homo touristus

Nous avons pu, lors de cette sortie discuter avec plusieurs plagistes.

Le message est simple à transmettre et amplement partagé.

Autres lieux

Nous avons ainsi pu noter que malgré sa beauté, la dune reste un lieu extrêmement fragile.

Or il est un secteur de Fouesnant ou ce milieu sauvage est préservé.

En effet la dune allant de Kerler jusqu’au bout de la Mer Blanche bénéficie d’un régime de faveur, sans doute du à la présence des gravelots à collier interrompu.

Là-bas, il n’y a pas de ramassage de la laisse de mer, le pied de la dune est protégé des incursions par la mise en place d’une clôture, le chemin de crête a été effacé et les chemins d’accès ont été limités en nombre et en largeur.

Tous ces aménagements ne semblent poser aucun problème.

Nous nous interrogeons donc sur ces deux poids, deux mesures dans la politique de préservation des espaces naturels.

Nous proposons donc que des actions cohérentes soient exercées sur l’ensemble du territoire.

En guise de conclusion, nous reproduisons ci-dessous l’affichage placardé par les services municipaux sur l’ensemble des bacs à marée répartis tout au long du rivage.

Un message plein de bon sens, mais non respecté pat le maire