Algues vertes : André Ollivro à Fouesnant

29 décembre 2009 0 Par daniel

André Ollivro et Magdeleine Breton, présidente de l'ASPF après la conférence

André Ollivro et Magdeleine Breton, présidente de l'ASPF après la conférence

C’était le samedi 19 Décembre 2009, une période plus propice aux fêtes de famille qu’à la conférence sur ce fléau maintenant d’actualité à Fouesnant-29, grâce à l’ASPF.

Un manifestation organisée par notre association à la salle du Loch, archipleine…..à l’Archipel !

L’ASPF s’est relancée dès Septembre 2009 dans ce dossier pourtant ancien par ici et qui déborde largement des plages, car il s’agit bien en toile de fond de la qualité de nos eaux dans le cadre des directives européennes pour l’étape importante de 2015.

Une exposition photos sur les activités de l’ASPF et les sites d’AV accueillait et mettait dans l’ambiance les 130 personnes venues s’y entasser.

Que du beau monde dans la salle, ce qui a entrainé un riche débat, révélateur de l’intérêt de la population sur ce sujet face aux responsables et élus présents.

14000 m3 d’algues vertes (AV ) ramassés en 3 mois de Septembre à fin Novembre 2009 sur nos plages de Cap Coz et de Kerleven à La Foret, le plus grand site de Bretagne d’AV au large de notre baie, un compost très particulier dans la station fraichement agrandie de Kerambris, hors la loi dès sa mise en service pour avaler ce stock imprévu alors que l’on nous chantait que tout allait bien et mieux…………..tout cela valait bien la venue de celui qui vient d’être nommé « Breton de l’année 2009 » par les lecteurs du journal Le Télégramme pour sa bataille algues vertes et qualité de l’eau.

Fouesnant est donc passée dans la cour des grands, avec ceux des AV du Nord, là où s’est justement illustré André OLLIVRO, cofondateur de l’association “Halte aux marées vertes” qui vient de mettre KO l’Etat en Cour d’Appel de Nantes en date du 1er Décembre 2009.

Ce Briochin d’origine est revenu en retraite au pays, après une vie professionnelle à Gaz de France, et lui l’ingénieur du gaz est donc servi à domicile : ammoniaque, H2S,……

Après l’accueil des participants par Magdeleine BRETON, notre Présidente, André OLLIVRO a brossé le combat d’Hillion- 22, mené de son cabanon avec vue sur la plus grande baie d’Europe engluée dans les AV en décomposition, car là 95 % du stock AV est sur la plage alors que chez nous, c’est l’inverse, 95 % est au large et menace à tout moment notre économie touristique, ce que seulement quelques uns savaient avant ce samedi.

Dès le départ, A. OLLIVRO s’est voulu positif sur les suites de la situation, comme apaisé maintenant après des périodes difficiles où il fut régulièrement menacé.

Il sait que « NOUS » ne pouvons pas faire plus grave et que les associations et la population ont pris sa relève pour provoquer le changement indispensable avec les actions de l’Etat, enfin revenu aux affaires via la mission interministérielle mise en place par le Premier Ministre qu’il a lui même rencontré sur le terrain et un plan d’actions prévu début Janvier 2010.

Il était temps, car pour lui, la pollution s’aggrave depuis 30 ans, mais la mort d’animaux et peut-être même d’un homme a fait passer officiellement le dossier AV en risque sanitaire.

Eh oui ! on ne rigole plus des algues vertes, tant dans les Préfectures que dans les Mairies et tous les autres organismes qui avaient presque réussi à écœurer ceux qui criaient au scandale depuis 10 ans, et près de 30 ans pour d’autres.

Pourtant, le dossier divise toujours, car le monde agricole, omniprésent et omni actif en Bretagne, est visé aujourd’hui à juste titre par les scientifiques.

Ces derniers ont désormais identifié les nitrates provenant de 80 à 90 % des élevages et cultures intensives comme cause majeure des algues vertes alors que ce samedi, Alain LE BELLAC, le courageux représentant de la FDSEA, « ….présent à l’heure de la traite de ses vaches…», continuait le discours bien connu et dépassé de son syndicat : « ….les phosphates, les pollutions urbaines,……nous sommes vilipendés, nos enfants ont honte…. ».

Pour André OLLIVRO, les nappes phréatiques sont gorgées de nitrates des élevages, des zones de cultures intensives ;  or à Fouesnant comme ailleurs, nous y recherchons de nouvelles ressources en eau car la potabilisation y est bien moins chère que par nos ruisseaux archi pollués à l’air libre.

A la question inévitable sur la date de fin des AV, il suit les scientifiques sur l’évaluation d’une période de 10 à 15 ans…. mais bien entendu en prenant des mesures draconiennes dès 2010.

Nos rivières et cours d’eaux doivent revenir en dessous de 10 mg/litre en nitrates, alors que la limite officielle actuelle de 50 mg/l passerait à 25 mg/l, étape importante mais insuffisante.

Les bénévoles de l’ASPF venaient de contrôler la sortie de la rivière Saint Laurent en mer à 48 mg/l !

«….je ne pointe pas du doigt ces hommes contraints à cette pratique de puis la fin de la dernière guerre et le plan Marshall des américains qui ont formé ainsi leurs pères à ces nouvelles pratiques intensives …..», mais, mais ….beaucoup y avaient trouvé prospérité au détriment des autres populations, sans réaction forte des services de l’Etat, accusé de carences inadmissibles.

« … mais qui contrôle les plans d’épandage ?, qui contrôle les évolutions des nitrates , les lobbies , les Chambres d’agriculture, les syndicats agricoles qui maitrisent et dirigent tout….»

«….Ce sera dur pour certains de changer et si le milieu ne fait pas son ménage, que les Préfets appliquent enfin les lois existantes et nouvelles tout simplement….. ».

Lors du débat, le représentant de Eaux et Rivières, très remonté contre ceux qui saccagent ses locaux sans jamais être punis n’a fait que de rappeler ce principe oublié depuis longtemps par les agriculteurs ; au banc des accusés «… c’est chez vous qu’il vous faut faire la police  ….» a-t il crié au syndicaliste agricole.

«…beaucoup d’agriculteurs rebasculent dans des méthodes ou le poids de l’azote reprend sa normalité, il faut les aider, il faut inciter davantage au passage en bio…»

«…..nous avons besoin de cohérence dans ce grand cirque actuel, l’Etat doit reprendre la main et les “SAGE” sont indispensables pour apporter l’aspect officiel et juridique car c’est l’Etat qui doit payer le grand retour à la normalité et addition sera lourde, très lourde….».

Alors que faire des AV ?

«….Il faut ramasser les algues sur les plages, ne pas laisser les touristes près des ces tas non seulement puants avant de devenir dangereux dans le temps, mais très dangereux sur le plan bactériologique…..».

«…Ne plus jamais épandre les algues directement dans les champs….»

«…..le compost d’algues vertes?…..».

A OLLIVRO n’y est pas favorable et il a eu vent de la position toute nouvelle de scientifiques qui conseillent de l’interdire, car il est dangereux.

Et l’ASPF de rappeler le problème de la station de compostage de Kerambris, sujet qui sera abordé par le Président de la CCPF mis sous pression plus tard lors du débat.

Le représentant agricole proposera en débat la méthanisation collective, mais s’empressera de s’adresser aux associations :

« …vous les attaquerez aussi plus tard !…».

Un débat général avec A OLLIVRO, riche de diversités :

Il fallait à l’ASPF maitriser les « discours » des élus, certains bientôt futurs candidats face à un public qui les mettait dans le panier des coupables.

Notons les interventions de :

– Gérard MEVEL,  Vice-président du Conseil Régional de Bretagne, en charge de l’environnement donc du dossier eaux, qui appelle à la paix des braves et à la concertation de tous les acteurs face à ce fléau pour la Région, mais …..n’attend pas grand chose de la commission interministérielle !

– Roger LE GOFF, Maire de Fouesnant et Président de la CCPPF, qui ne savait que faire des algues s’échouant comme jamais, appelle aussi à la concertation dans le tout nouveau contrat Odet-Aven en signature le 21 12 2009 en collaboration avec la 4C de Concarneau , donc le champ d’investigations est agrandi.

«….on va réussir, j’y crois…..»

Sous les questions ciblées de l’animateur ASPF, il demande les responsabilités de tout : police, plans d’épandages, donc le pouvoir de contrôler les agriculteurs, il reconnait un problème administratif à l’existence de la station de compostage AV de Kérambris…….mais ne parle pas du SAGE qui lui est sûrement imposé.

Il reconnaît et confirme que la CCPF a des pistes de pollueurs potentiels, …..

« …du coté de St Yvi ?… », insiste l’animateur ASPF.

D’autres interventions marquantes :

– un médecin de Fouesnant en retraite qui explique comment fonctionnait les commissions du Conseil d’hygiène sur les extensions de porcheries et les épandages jamais contrôlés : toujours oui et toujours plus !

– les difficultés de ceux qui veulent passer au bio.

– les zones agricoles et les agriculteurs qui disparaissent sans cesse dans notre région vouée à l’urbanisation galopante et à la spéculation foncière……pas étrangère aux agriculteurs lui rappelle la salle !

– le combat longtemps solitaire d’Eaux et Rivières depuis 30 ans.

– les particuliers sont aussi visés dans leur bricolage des week ends avec toutes les gammes possibles non contrôlées de produits épouvantables.

La vidéo de l’ASPF.

projection de vidéo par l'équipe de l'aspf

projection de vidéo par l'équipe de l'aspf

La projection d’une vidéo avec photos et films réalisés par dates entre Septembre et fin Novembre 2009, avec également des images aériennes de S.BALLU du CEVA, a suscité une vive émotion, voire abasourdi certains.

Cap Coz, Kerleven, Beg Meil, l’anse Saint Laurent, et au final Kérambris …. croulant sous les algues vertes, les travaux infinis des braves employés municipaux qui recommençaient chaque jour le ramassage avec leurs engins.

Les touristes de fin Août jouant dans des algues ……plus très vertes.

Les espèces et coquillages déterrés et balayés par les vagues lourdes d’AV.

Celles là qui ont emporté à un moment le sable de Cap Coz en créant une falaise de 1.80 m par endroit et très proche de la route.

Les fumées de Kerambris alors qu’il pleuvait ( gaz…).

Les fuites du jus des composts avec AV  filmées un jour de pluie à Kérambris avec passage par-dessus la bordure et écoulement dans un bassin à sol nu.

Et, et …..le summum : bloqués par les réactions sur Kerambris à propos des nuisances induites ( odeurs, transports quotidiens…..), il fut décidé en haut lieu d’arrêter le ramassage des algues sur les plages et leur transfert à la station de compostage, mais pour ne pas les laisser pourrir sur la plage, on les remis à l’eau avec les engins !

Retour à l’envoyeur ….6 heures plus tard!

Gros succès de la séquence, mais malaise final dans la salle sur une situation où les responsabilités de l’Etat n’avaient jamais été mises sur la place publique par des élus victimes ou tout aussi coupables d’avoir mis une chape de plomb sur le sujet ?

André OLLIVRO qui n’en croyait pas ses yeux s’est juré d’en parler partout de notre Fouesnant, apprenti sorcier d’un jour sur ses plages aussi vertes qu’à Hillion mais aussi de 3 mois en compostage discutable, ce qui est troublant pour nous tous.

«… je ne savais pas, nous ne connaissions pas la situation d’ici …..».

Un nouveau débat, mais local cette fois.

Oui, il fallait ramasser les algues verres sur les plages locales.

Que faisait notre Préfet 29, silencieux depuis les évènements d’Aout 2009 ?

Mais  à quoi donc ont servi les contrats de bassins versants précédents, comme le dernier, celui du Lesnevard avec fonds engloutis par les seuls volontaires pour de si piètres résultats ?

Mais alors les autres, les non signataires, qui sont ils ?, qu’ont-ils à se reprocher ?

« ….ils craignent les quelques contrôles imposés par les contrats….. » nous souffle t-on.

48 mg/l de nitrates dans le St Laurent le 17 Décembre 2009, c’est la marque d’un échec flagrant.

L’ASPF connait aussi des pistes, et même des noms d’élévages visés, car des bénévoles militants, il y a en partout et prêts à nous aider.

Assez de carottes basées sur le volontariat, l’Etat doit aussi manier le bâton.

En 3 mois de recherches et de découvertes sur le terrain et dans les documents difficilement accessibles, les membres ASPF en charge des ces dossiers se sont fait une idée assez précise de la situation : il nous fallait rentrer dans la danse pour en savoir plus, pour bousculer les liens qui unissent tout ce beau monde et surtout participez au Contrat Odet-Aven.

Prévu pour 5 ans, ce dernier est passé à 3 ans dont l’année 2009 déjà écoulée : que cache donc cette imposition venue d’en haut ?

Les actions ASPF et Eaux et Rivières (venue à notre aide sur notre demande) auprès des finançeurs ont certainement porté leurs fruits quand à notre présence à la table d’une réunion des associations le 11 12 2009 et nos inscriptions dans les 4 commissions thématiques de ce contrat Odet-Aven.

La station de compostage de Kerambris nous préoccupe énormément, elle est peut être mal conçue, mais comment revenir en arrière alors que les AV vont revenir l’année prochaine ?

Ses riverains nous mettent aussi la pression.

Les actions de l’ASPF.

l’ASPF a rappelé aux présents ses actions :

– plainte collective contre X.

– actions dans les médias ( presse, TV, réseau cyberacteurs,…..) .

création d’un site blog : www.aspfasso.fr

– lettre au Préfet.

– menaces d’attaquer Kérambris.

– mais aussi volonté claire de travailler dans le contrat Odet-Aven ( ce qui ne doit pas déplaire à certains élus, donc à nous de dire).

……………………

Conclusions

Avant la conclusion finale de la Présidente de l’ASPF au bout de 2 heures de conférence débat,

A OLLIVRO a renouvelé ses avis :

«…l’Etat condamné devra désormais s’impliquer dans la gestion et le cout des algues vertes ( lutte active contre la prolifération, ramassage, traitement )… ».

«…il vous faut impérativement un SAGE, un contrat ? pourquoi pas mais surtout l’argent de l’Etat, et c’est aux élus de se prendre en charge….».

«… il faut préserver, voir reconquérir les zones humides qui sont des zones de respiration de l’eau, c’est bien un retour à un bon état écologique de l’eau dont il s’agit…..».

«…le phénomène est réversible, mais il faudra beaucoup de temps et d’argent….».

«…le travail doit être accompli avec tous les acteurs : élus, agriculteurs, associations, et d’ailleurs le rôle des associations comme la votre étant de veiller au grain en ce qui concerne l’application des lois….».

«…. j’ai découvert ici à Fouesnant  des gens motivés et déjà très compétents pour agir et peser sur le dossier local, vous avez du boulot  …».

Belle soirée quand même pour l’environnement, on avance enfin !